Le suicide dans ma vie – 27e édition de la Semaine de la Prévention du Suicide – 2017

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Le suicide n’est pas une option

En 2013, 1101 suicides ont été enregistrés au Québec. 1101 suicides : 855 hommes, 246 femmes.  1101 suicides ça veut dire 3 personnes par jour qui se sont dit qu’il n’y avait pas de meilleures solutions pour eux, 3 personnes par jour qui ont pensé qu’il valait mieux mourir que vivre, 3 personnes par jour qui ont décidé de choisir la peur plutôt que l’amour, qui ont vu le suicide comme la solution idéale, rapide et efficace afin de mettre un terme à une situation personnelle et/ou familiale difficile, à une maladie chronique, à un mal de vivre. Ces personnes se voient souvent comme un poids pour leur entourage ou encore, se disent qu’ils n’auront plus a subir les pressions et/ou l’intimidation dont ils sont victimes. Ils n’ont pas l’impression d’être à la hauteur, n’ont pas l’impression de mériter d’être aimé et préfèrent penser qu’ils rendront service à leur entourage en les débarrassant d’eux, ainsi, ils ne se sentiront plus incapables et impuissants face à une situation hors de leur contrôle. Parce que j’y ai déjà pensé moi-même à l’adolescence, beaucoup depuis mon accident de travail il y a maintenant près de 4 ans, que mon cousin et ma grand-mère se sont suicidés, que dans mon entourage il y en a eu un de plus durant la période des fêtes et surtout parce que j’aime mieux vous parler que parler de vous et que vous le valez bien, je supporte La 27e Semaine nationale de Prévention Du Suicide du 29 janvier au 4 février 2017 prochain. Le thème cette année : Le suicide n’est pas une option. Vous y avez-vous déjà pensé?

Différente des autres

Comme je vous l’ai mentionné plus haut, moi j’y ai déjà songé plusieurs fois dans 2 moments de ma vie. D’abord à l’adolescence, quand je me sentais et me savais différente de tout le monde à l’école. Je ne comprenais pas qui j’étais et je gérais très mal toute l’information que je recevais des gens, ce cadeau que j’ai reçu à la naissance, sans qu’ils aient à prononcer un seul mot. Je ressentais les gens si fort que je préférais m’isoler car c’était trop difficile à gérer. Même à l’école je ressentais l’énergie des enseignants, ce qui faisait de moi une élève difficile pour ceux qui mentaient et/ou avaient de mauvaises énergies et vibrations car je les voyais tel qu’ils étaient et j’y réagissais fortement. D’une élève en classe surdouée à qui on avait offert de sauter sa 4e année au primaire, de la danseuse étoile de l’école de danse depuis qu’elle avait 3 ans, j’ai fini par tout abandonné en gérant mal tout ça et je me suis retrouvée avec les réguliers, de mauvaises notes… et l’envie de mourir.

source : pixabay.com

Mes parents ont eu très peur et ils m’ont envoyé voir un psy à 14 ans; j’étais furieuse sur le coup, mais je me rappelle le soulagement quand la psy m’a expliqué ce qui m’arrivait. Que je n’étais pas seule avec ce 6e sens, que c’est un cadeau précieux que j’avais et elle m’a donné des pistes pour l’utiliser et le gérer. J’ai beaucoup pensé à ma tante qui m’avait dit à 8 ans que j’avais un don que j’allais devoir découvrir par moi-même… c’était ce don dont elle parlait je le savais maintenant. J’aurais aimé être capable de gérer ces énergies et d’en faire un outil pour moi, mais à 14 ans on a pas la maturité, les connaissances et surtout l’expérience pour le faire. Tout le monde venait à moi, prenait le meilleur de moi et me laissait vide et seule, tous prenait ma gentillesse pour une faiblesse… chaque fois j’étais triste et en colère et à chaque fois je pardonnais et je donnais tout de moi à nouveau… aujourd’hui encore.

L’amour ne sait faire qu’une chose et c’est aimer.

La différence entre cette époque et aujourd’hui c’est que à l’époque je n’acceptais pas mon rôle, ni la responsabilité de ce qui m’arrivait.

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J’avais été très en colère après mes parents car, jusqu’à 13 ans j’avais grandi entourée d’adultes dans une famille nombreuse et rock n roll et ils m’avaient foutu la paix sur le fait que j’ai toujours été quelqu’un de solitaire ou avec un cercle très réduit de gens dans ma bulle, mais à 13 ans ils m’avaient forcé à socialiser. Comme je ne  »fittais » pas avec les gens de mon âge, je m’étais lié d’amitié avec des gens beaucoup plus vieux que moi et là, mes parents n’aimaient plus le fait que je socialise et voulait m’empêcher de me tenir avec eux et ils ne me faisaient pas confiance;  j’ai détesté ce moment de ma vie et je ne voudrais jamais y retourné. Je ne savais jamais où me mettre et j’accordais beaucoup trop d’importance à ce que mes parents, mes amis, ma famille et la société pensaient et attendaient de moi. Je me sentais prise au piège dans cette vie sur terre; dans ce corps aux pulsions et tentations qui me faisaient peur et je me disais sans cesse que de me libérer de tout ça serait si simple.

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Un jour, alors que j’avais 15 ans et en pleine crise car ma meilleure amie était enceinte de 4 mois de celui qui était mon chum quelques semaines auparavant, une personne très importante dans ma vie, en qui j’avais une confiance aveugle et qui m’a probablement sauvé la vie j’en suis convaincue, la monitrice du centre culturel où je me tenais le soir avec mes amis, m’a donné un petit mot qui disait :  »Quelques fois, c’est difficile, mais il faut pousser sur la vie pour qu’elle ressemble à ce que l’on a le goût. Sans oublier que c’est de la façon dont qu’on la regarde qui amène a changer bien des choses. » Ce mot je l’ai encore aujourd’hui, après plus de 20 ans et il me suit partout où je vais. Je n’ai plus jamais eu envie de mourir ensuite car j’ai accepté mon rôle et ma responsabilité dans tout ça. J’ai commencé à comprendre l’effet directe de nos pensées sur notre réalité et puis j’ai fait des changements. Plus eu envie de mourir jusqu’à il y a 3 ans, environ 1 an après mon accident de travail.

 

Le retour de la Bête

Comme je l’explique dans ma présentation, lors de mon accident de travail en mars 2013 j’ai eu  le bassin déplacé, des entorses lombaires, dorsales et cervicales, un trauma crânien léger et une commotion cérébrale qui m’ont laissé avec de la douleur chronique un peu partout dans le haut du corps en partant du bassin. À l’époque j’étais nouvellement mariée et très en amour, mais j’ai très vite eu peur d’être abandonnée quand j’ai réalisé que mes douleurs ne partaient pas… je ne voulais pas devenir un poids pour lui, pour ma famille, pour mes amis… déjà le fait d’avoir mon problème à la hanche (la déchirure n’était toutefois pas encore connue) ça réduisait de beaucoup mes possibilités sexuelles; juste pour vous donner une idée j’ai dû dormir les jambes attachées avec une ceinture pendant 8 semaines car mon bassin avait été replacé, déplacé de nouveau et replacé.

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Isolée et inutile

De plus, être enfermée entre 4 murs 24/7 quand t’es quelqu’un d’actif, qui faisait de la danse, du jogging, qui aimait jouer et se promener dehors avec ses enfants et qui attendait se moment avec impatience depuis leur naissance (ils avaient 3 et 4 ans à l’époque), qui a toujours été sportive, c’est très difficile sur le moral. Déjà en mai 2013 soit 2 mois après l’accident je racontais à ma première agente de la CSST à quel point je déprimais et que je trouvais ça difficile d’être prise dans la maison et me sentir inutile. Au moins pendant l’été j’avais retrouvé un peu le sourire et la bonne humeur; mon mari étant enseignant, il avait congé toute l’été. Je me sentais toujours inutile, mais au moins je n’étais plus seule et ça m’empêchait de trop y penser.

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Par contre ça m’a rattrapé très vite après la rentrée scolaire de 2013-2014, en octobre je m’étais déjà gravement enfoncée… la douleur était toujours présente à l’aine et à la hanche externe au point d’impact malgré que mon bassin soit replacé depuis plus d’un an et mes déplacements étaient toujours épuisants, pénibles et douloureux. Il m’était presque impossible de mettre un poids de ce côté de mon corps et je commençais à avoir des douleurs sur tout le côté droit de celui-ci car c’est ce dernier qui me supportait presque tout le temps. Les relations sexuelles étaient toujours difficiles et les positions très restreintes. Mon mari faisait vraiment du mieux qu’il pouvait et avait la grande générosité de me faire un massage à chaque soir… rares sont les soirs où j’en ai pas eu. Je me sentais si moche, j’étais toujours  »high » sur les médicaments, qui eux changeaient sans arrêt car on ne trouvait pas la médication efficace, je perdais la mémoire sans arrêt… je perdais même le file de ce que j’étais entrain de dire certaines fois et c’était très paniquant. Mon estime personnelle diminuait à la vitesse grand V.

Une bouteille à la mer

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Je voyais bien que je démontrais des signes sérieux de dépression et je ne voulais pas que ça m’arrive… pas ça en plus de tout le reste, il fallait faire vite car une dépression quand ça fesse… ça fesse et il faut souvent se rendre jusqu’au fond pour remonter. Fallait pas être un génie pour comprendre qu’avec le genre de cas que j’étais à ce moment, j’étais une candidate parfaite et en route pour une dépression majeure si rien n’était fait. Je ne voulais pas faire subir ça à mes enfants et mon mari… je voulais être la meilleure mère et la meilleure femme possible pour eux. J’ai donc pris mes responsabilités, arrêté de faire semblant que tout allait bien, mis mon égo et mon orgueil de côté et j’en ai donc parlé à mon médecin au rendez-vous suivant; je le voyais à tous les mois. Il m’a facilement et rapidement diagnostiqué une dépression pour douleur chronique et référé en suivie psychologique. La CSST à d’abord prit beaucoup de temps pour répondre à cette demande, je crois que j’ai téléphoné à chaque semaine pour faire le suivi. Chaque fois que je revoyais le médecin, il me redonnait le même papier avec la même demande. Je suppliais littéralement ma nouvelle agente au téléphone tentant de lui faire comprendre que c’était pas une blague et que j’avais vraiment besoin d’aide psychologique et ce, très rapidement. Elle me parlait comme si j’exagérais mon état et me disait que je devrais plutôt retourner travailler. Elle me répétait que la demande était en évaluation et de rappeler pour le suivi si j’avais pas de nouvelle après le prochain rendez-vous, qu’en attendant je pouvais demander à mon employeur pour consulter un psy à partir du service d’aide pour les employés, ce que j’ai fait sur le champ.

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La maison des fous

La semaine suivante, au début de décembre 2014, j’étais dans un bureau de psy à Saint-Lambert. À la fin de la rencontre d’évaluation, la psychologue avait été claire à ce sujet, j’étais en dépression pour douleur chronique et j’aurais très certainement besoin de 25 à 30 rendez-vous car ma dépression était déjà avancée. Son problème était qu’elle n’était pas spécialisée en suivi pour douleur chronique et semblait penser que c’était vraiment ce qu’il me fallait, qu’elle pourrait bien me voir pendant les 4 rendez-vous gratuits fournis par le service aux employés, mais que j’avais besoin de bien plus que cela. J’ai tenté d’expliquer de nouveau la chose à mon agente, mais elle ne voulait rien entendre de moi à ce sujet. Je devais attendre… ENCORE!

Moi pendant ce temps, je m’enfonçais chaque jour davantage, je devenais de plus en plus aggressive et dépourvue. J’avais peur de perdre mon mari plus que jamais et je voulais retrouver ma tête afin de voir clair car les médicaments m’en empêchaient.

J’étais épeurante à voir.

Désespoir

Je me sentais si seule dans tout ça et je ne voyais pas le jour où ça irait mieux… j’ai recommencé à penser à mourir… des fois j’enlignais le gros camion 45 pieds sur la route ou je regardais mes boîtes de pilules pendant des heures et jme disais que ce serait si simple d’en finir.

À chaque fois c’était la même chose… je me disais que j’étais une maman et j’avais des enfants qui comptaient sur moi pour être la meilleure maman du monde pour eux… déjà que je ne pouvais plus rien faire avec eux, je ne me sentais pas le droit de partir et ça m’enrageait vraiment, je me sentais prise au piège littéralement dans ce corps qui ne m’appartenait plus, dans cette vie dont je n’avais plus aucun contrôle.

Le début de la fin

Noël et son stress sont arrivés, les disputes se faisaient de plus en plus nombreuses avec mon mari car je voyais bien que je n’étais plus celle qu’il avait épousé et plus j’avais peur, plus on se chicanait. Ensuite vint janvier, encore une référence psy, encore une remise. Février ce fut la même chose. Ils m’ont fait voir leur propre psychiatre en mars, j’étais dans un état lamentable et en plus je commençais à réaliser que les rapports de spécialistes qu’ils me faisaient voir étaient toujours bourrés de mensonges ou de non mention de points importants à mon avis et ça me rendait folle complètement. Tellement folle que la rencontre avec la psychiatre je l’ai enregistré avec mon Blackberry pour pouvoir prouvé, si le rapport était faussé, ce que j’avais mentionné ou non mentionné à la psychiatre lors de la rencontre.

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Seule au monde

Deux jours après cette rencontre avec le psychiatre, mon mari et moi on a une très grosse dispute au sujet de son père qui lui a offert 1000$ pour me quitter car ce n’était pas une vie que de vivre ainsi; j’avais trouvé la carte avec le message l’implorant de me quitter et le chèque de 1000$ signé par son cher petit papa en voulant caché un cadeau que je venais de lui acheté car il partait en voyage étudiant dans quelques

semaines. Ce vendredi là, vers 16h30 il m’a dit qu’il allait prendre de l’air vu l’ambiance dans la maison et qu’il s’en allait chez son père discuter avec lui de cette carte, qu’il ne partait pas pour 30 minutes mais pas pour 4 heures non plus et… il n’est jamais revenu. J’ai passé une nuit d’enfer cette nuit là et après avoir fait sonné son cellulaire toute la nuit, j’avais fini par m’endormir. Mon téléphone a sonné vers 9h le matin. J’ai enfin vu le numéro de mon mari et quand j’ai répondu, ça a raccroché… je paniquais, je pensais qu’il lui était arrivé quelque chose de grave et qu’il tentait de me joindre avec difficultés puis je me suis mise à texter frénétiquement car je me disais que si les secours entendaient le téléphone ils répondraient. Un moment donné, je sais pas pourquoi, j’ai cru que j’avais compris que son père avait gagné alors j’ai texté une dernière fois :  » À 16h30 ça fera 24 heures que t’es disparu et tu peux être certain que je met la police au courant dès cet instant. »

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Quinze minutes passent et tout d’un coup mon téléphone sonne… c’était le numéro de mes parents. J’ai pris un grand respire et j’ai répondu calmement car je ne voulais pas énerver mes parents avec la situation, je n’étais pas encore certaine à 100% de ce qui se passait. Mon père m’a demandé comment j’allais, et je lui ai dis le plus normalement possible que j’allais bien. Je lui ai demandé comment lui il allait et il m’a répondu qu’il n’allait pas… là j’ai eu peur en pensant à ma mère ou ma sœur, sinon pourquoi il me téléphonerait. Je lui ai demandé de me rassurer à ce sujet et il l’a fait en me disant qu’elles n’avaient rien et qu’elles allaient bien; je ne les avais pas vu depuis la veille de Noël car il m’était très difficile et épuisant de sortir. Il a alors ajouté :  »J’ai eu un appel du père de X et…  » et moi là je me suis effondrée par terre en pleurant… je croyais que mon mari était mort ou gravement blessé et que son père avait préféré parler à mes parents vu la situation de la carte. Je m’en voulais d’avoir pensé qu’il m’avait laissé… je criais, je hurlais de douleur et puis, dans un moment de lucidité, je me suis rappelé que mon père était en ligne alors j’ai repris le téléphone et mon père me dis alors :  »Mais non Jacynthe il n’est pas mort, mais il te laisse, il ne reviendra pas. » Ce fut comme… je n’ai même pas de mot aujourd’hui pour expliquer à quel on peut se sentir comme une merde, bonne à rien désormais, ne valant même pas une explication de quoi que ce soit. Tout ce que je me rappelle c’est de me regarder dans le miroir et me dire que je ne valais que 1000$ maintenant que j’étais brisée et irréparable puisque mes douleurs ne partaient pas.

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Rejetée

Déjà quand tu souffres de douleur chronique, qui peuvent survenir à n’importe quel moment, tu déçois plusieurs personnes en refusant une invitation ou pire encore en l’annulant à la dernière minute pour cause de crise de douleur, quand tu es en plus en dépression, tu n’as plus d’amis; les gens ont peur de toi, comme si c’était contagieux. Personne ne veut être en ta compagnie car c’est épeurant et épuisant d’écouter quelqu’un déprimer car il ne comprend pas et n’accepte pas ce qui lui arrive. Tu te sens encore et toujours de trop, tu finis par ne même plus oser demander de l’aide car tu as peur de recevoir un refus et c’est bien la dernière chose dont on a besoin dans ces moments là… surtout quand tu prends tout ton p’tit change pour demander de l’aide; c’est difficile de se montrer sous ce jour, même à nos amis. Personne n’aime se montrer sous un tel jour. Moi qui avait été là pour tout le monde depuis toujours j’étais seule au monde et personne ne voulait s’approcher de moi.

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La CSST a sauté sur l’occasion pour prendre la décision de refuser le diagnostique de mon médecin prétextant que ma dépression était dû au départ de mon mari et non à mes douleurs… mon mari était parti fin mars quand la demande de suivi, elle, datait de novembre précédant. J’en revenais juste pas et encore aujourd’hui je ne peux pas comprendre ce qui s’est passé dans mon dossier. J’ai voulu mourir encore une fois… j’avais l’impression que c’est ce qu’ils voulaient que je fasse pour qu’ils soient débarrassés de mon dossier.

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Guérissez-moi et donnez-moi le salut

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Mes parents ont alors décidé de payer mes frais de psychologue de leurs poches à raison de 90$/semaine pendant 1 an je crois et ensuite les rendez-vous se sont espacés peu à peu afin que je prenne mon envol par moi-même. Ce fut une rencontre très importante pour moi, rencontre que j’aurais aimé faire bien avant… avant qu’il soit trop tard et que je perde pieds. Elle m’a fait parlé, écouté, elle m’a enseigné une technique d’auto-hypnose dont je peux me servir dès que j’en ai besoin afin de ne plus sentir ma douleur et surtout m’a fait comprendre que ce que je disais n’était pas fou du tout, que je n’avais pas de raisons de douter de moi à chaque fois que mon employeur ou la CSST tentait de m’intimider.
Elle a même téléphoné à quelques reprises à la CSST afin de savoir pour quelles raisons ils refusaient de payer mes sessions de psychologue, elle n’avait jamais vu un cas comme le mien; laissée à elle-même dans une situation aussi critique, des fois je n’arrivais même pas à tourner la poignée de porte pour sortir de chez moi tellement je n’étais pas toute là. Elle est quand même spécialisée en douleur chronique et a donc une clientèle nombreuse sur la CSST ou SAAQ et jamais elle n’a pu obtenir une réponse claire et satisfaisante sur le pourquoi on m’avait laissé ainsi dépérir. Habituellement c’est parce que les gens tentent de cacher leur dépression qu’elle s’aggrave, là j’avais crier à l’aide et personne ne répondait, c’est ahurissant.

 

 On récolte ce que l’on sème.

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Environ 2 semaines après le départ de mon mari il y a un de mes ancien élève qui m’a contacté sur Facebook. Il m’a demandé :  »Est-ce que c’est vous Madame Jacynthe qui était ma secrétaire ya 2 ans? » j’ai répondu que oui et que je me souvenais très bien de qui il était; il était un de ceux qui était toujours dans mon bureau pendant les pauses car il s’y sentait bien… chaque jour il y venait au moins 1 fois. Lors de cette conversation il m’a remercié car, disait-il, si je n’avais pas été là cette année là, il ne serait pas resté jusqu’à la fin de l’année, que j’avais été une des raisons pour laquelle il venait à l’école. J’étais tellement heureuse d’apprendre que j’avais changé ainsi la vie de quelqu’un, c’est encore aujourd’hui un des plus beau cadeau que j’ai reçu dans ma vie. Il était un de ces décrocheurs qui avait été dans un groupe spécial mis sur pieds par le directeur pour leur faire terminer l’année scolaire. J’avais texté le directeur, pour qui je ne travaillais plus, mais avec qui j’avais encore des contacts pour lui dire que ça avait valu la peine de faire tout ça. Cette conversation m’avait fait terriblement de bien. Je savais bien que j’étais une bonne personne, mais de me le faire dire, à ce moment précis, il n’y a qu’un ange pour avoir ce timing.

Revenir à la vie

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Au cours de nos discussions suivantes il a su me redonner tranquillement mais sûrement le goût de me battre et surtout de rester en vie. Il m’a fait une thérapie musicale et m’a écouté pendant des heures et des heures me raconter et répéter mon histoire jusqu’à je n’en ais plus besoin, sans jamais avoir l’air de s’emmerder, sans jamais rien demander. Jamais je ne le remercierai assez. Il est musulman et nous avons beaucoup discuté et échangé à propos de la religion, de la spiritualité et de certains concepts philosophiques; on s’est apporté beaucoup sur le plan spirituel. Toutes ces conversations m’ont fait revenir sur ma route à moi et m’ont fait me reconnecter avec ma spiritualité. Là j’ai compris que rien arrive pour rien et que tout ce qui devait arriver arrive toujours. Il m’avait été envoyé dans le but de me rappeler que j’avais en moi tous les outils pour me guérir moi-même, je n’avais qu’à me les réapproprier et les utiliser, ce que j’ai commencer à faire dès cet instant.

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J’ai alors commencer à méditer, à m’auto-hypnotiser, à faire des sorties hors du corps qui me permettent de souffler un peu et d’être sans douleur le temps que ça dure. Je me suis remise à l’écriture que j’avais mise de côté depuis très longtemps. Je me suis également trouvé un certain talent en peinture et en dessin, que je n’avais jamais fait auparavant. Je suis retournée à mes racines, je suis née de nouveau et j’ai commencé à créer ma nouvelle réalité, comme je la voulais : remplie d’amour. Et puis un an plus tard, un autre ange s’est présenté sur ma route, un ange d’Haïti.

L’amour inconditionnel

Crédit : Platini Design

La première fois que j’ai vu Fenner c’était dans ma télévision 55 » sur le mur de mon salon… il rayonnait littéralement. Sa musique et sa voix ont traversé mon corps pour m’atteindre au plus profond de mon âme…je le sentais sous ma peau. Un ami haïtien (un autre de mes anciens élèves qui m’avait retrouvé un peu pour les mêmes raisons que le précédent et qui maintenant voulait m’aider à son tour), celui qui venait de me présenter Fenner sur You Tube, m’a volé mon cellulaire pour lui faire une demande d’ami sur Facebook quand il a vu à quel point je  »feelais » Fefe (son nom d’artiste). Fenner l’a accepté dans la soirée et, 2 semaines plus tard, il m’a salué pour me remercier car je le suivais aussi désormais également sur sa page d’artiste. Il prend bien soin de ses fans quand même, c’est connu.

https://www.youtube.com/playlist?list=PLng9AK_SgfBXYgZOdizTQCAPDII8YJxZG&disable_polymer=true

Rien arrive pour rien et tout ce qui doit arriver arrive.

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Presque tout de suite c’était comme si l’on se connaissait depuis toujours, et que l’on se retrouvait après tant d’années avec tout plein d’histoires à se raconter. On se rappelait, comme si tout ça existait depuis longtemps déjà et qu’il ne manquait que nous deux, deux vieilles âmes prêtes à faire des mauvais coups. J’ai tout de suite su que la raison de la présence de Fenner sur ma route en était une grande, voire grandiose. J’ai longtemps cherché à trouver cette raison, et pourquoi Haïti était tellement présente dans ma vie subitement; j’étais entourée par Haïti et elle voulait m’éclairer, me sauver. J’ai finalement compris que ça ne servirait à rien de connaître cette raison donc j’ai cessé de chercher et de penser et j’ai accepté…  j’ai accepté de laisser mon égo de côté et d’être vulnérable. Cet égo que l’on prend souvent pour de l’orgueil et qui prend plaisir à se victimiser, à pleurer… à nous faire chier et surtout à tout gâcher!

L’égo

Le mur que mon égo avait bâti autour de moi était énorme, mais Fenner est celui qui m’a mit le miroir au visage, qui m’a permis de me regarder, de m’observer, de m’accepter, d’accepter mon chemin, d’embrasser ma route, d’aimer et de chérir mes racines… qui m’a permis de me pardonner moi-même et ensuite aux autres qui m’avaient fait et me faisaient du mal, de m’aimer moi à travers mes yeux à moi et non ceux des autres.

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Ce fût des moments extrêmement difficiles que d’être confrontée à moi-même de la sorte. J’ai haïs, maudis, détesté et bloqué Fenner à plus d’une reprise sur Facebook parce que il me brassait, me confrontait et ça m’énervait tellement… ça m’énervait parce que dans le fond il avait toujours raison. Je tentais de me sauver en lui lançant des mots très laids et méchants pour le blesser tellement qu’il me laisserait tomber, mais au lieu de me laisser tomber, il m’a fait le plus beau cadeau du monde que l’on pouvait m’offrir, il m’a aimé inconditionnellement, à chaque fois et ainsi il a permis à la Jacynthe Bondu Sauvage d’Amérique de fleurir.

 

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Il fut l’un de ceux, le premier et le plus tenace, à me suggérer d’écrire à propos de mon histoire. C’est après cette demande ultime de Fenner un soir d’octobre 2015 que j’ai décidé de le faire, j’ai senti que je devais, entendre, écouter et accepter ce message qui m’était livré sans arrêt de manières différentes. :

 »Écris je t’en prie… à l’encre de ton âme…écris, je t’implore…écris ton histoire… la tienne… écris ton courage, tes épreuves, tes manques, tes gains, tes leçons, ton succès…écris… dans la simplicité de l’instant laisse parler ton âme…ton histoire est unique…tu as une mission…elle te parle…tu le sens…comprends son langage…tu es prête. »

 

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Aujourd’hui j’ai commencé à écrire. Je ne peux pas écrire beaucoup et longtemps à la fois, mais je fais du mieux que je peux avec la meilleure intention du monde. Je voudrais dire merci à Fenner Pierre-Gilles, merci d’être toi, merci d’avoir été là pour moi presque à tout moment, même au loin. Merci de m’avoir amené à devenir la meilleure version de moi-même et de croire en moi. To infinity and beyond. Much respect.

 

 

Google Plus

Source : pixabay.com

Google Plus a aussi été une grande ressource pour moi. Vous n’avez qu’à vous promener dessus et demander à n’importe qui qui s’y trouve régulièrement, G+ est une grande famille où il fait bon vivre. Les gens lisent vos posts, s’intéressent à vous, commentent, donne leurs opinions et vous suivent pour de vrai. Il y a des gens que j’ai rencontré là qui ont été plus présents et significatifs pour moi dans les 4 dernières années que mes propres amis ici, qui m’écrivaient en privé quand ils voyaient que je n’étaient pas présente depuis quelques jours et voulaient s’assurer que tout soit ok pour moi. Il y en a parmi eux qui ont passé des heures en lignes avec moi afin de m’encourager, me supporter, me réconforter, m’écouter et m’aider à me relever à chaque fois que je suis tombé, sans jamais rien demandé. Je sais que je n’aurai probablement jamais la chance de les rencontrer personnellement, mais au moins j’aimerais leur rendre grâce ici et les remercier pour leurs présences sur ma route; ils ont fait et continuent de faire une différence dans ma vie à chaque jour et ils resteront à jamais gravés dans mon cœur.

Poème écris pour moi par un ami sur G+. Copyright – Martin Bryant, Inspired Father

 

 

Il y a toujours quelque chose dont on peut être reconnaissant… toujours.

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La route n’a pas été facile et elle n’est pas terminée, mais je n’ai plus envie de mourir maintenant… au contraire je veux vivre et je suis reconnaissante d’être en vie à chaque matin désormais. Je sais que je suis sur la bonne voie.  Maintenant que j’ai les outils en main, que je choisi désormais l’amour au lieu de la peur pour créer ma réalité, je me sens plus forte et en vie que jamais et je peux être la meilleure maman du monde pour mes enfants… d’une autre manière que celle que j’avais prévue, mais à ma manière tout de même. Ça ne veut pas dire que je ne pleure plus ni que la vie est toujours joyeuse et facile, mais que j’ai maintenant compris et véritablement accepter ma responsabilité dans tout ça; que je suis responsable de ce qui m’arrive et de ce que je laisse m’arriver. Me libérer de mon égo m’a permis de me changer cette attitude de victimisation face à mon accident de travail et au départ de mon mari et d’aimer tous et chacun inconditionnellement. Comme le petit mot le dit :

Quelques fois, c’est difficile, mais il faut pousser sur la vie pour qu’elle ressemble à ce que l’on a le goût. Sans oublier que c’est de la façon dont qu’on la regarde qui amène à changer bien des choses.

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Si vous avez envie de partager votre histoire avec moi écrivez-moi ici, j’aimerais bien vous lire et si vous me le permettez partager votre histoire avec les gens qui n’osent pas, mais qui sont tout de même en détresse psychologique et qui ont mal à l’âme et qui aurait besoin de lire et de savoir qu’ils ne sont pas seuls. Si vous avez tout simplement besoin d’un soutien ou d’un accompagnement spirituel, je suis également disponible sous certaines conditions, vous pouvez me contacter ici.

Jacynthe Bondu

 

Sources et ressources :

Semaine de la prévention du suicide

Suicide Action

Liste des ressources en prévention du suicide par région

La mortalité par suicide au Québec 1981-2013 (Mise à jour 2016)

Revue Spiritualitésanté

Autres liens et numéros importants

 

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